Voici 143 ans, la très sainte Vierge Marie apparaissait dans le petit village de Pontmain. Quelle grâce, dans notre petit et récent diocèse de Laval, de posséder un sanctuaire marial, et non des moindres, qui s’inscrit dans la lignée des apparitions de Notre-Dame à l’humanité. Après la rue du Bac, après La Salette, après Lourdes, avant Fatima et L’Ile Bouchard, la Mère du Sauveur se manifeste pour communiquer aux hommes un message de délivrance.
Alors que la guerre fait rage, au milieu d’un hiver rigoureux, en cette soirée du 17 janvier 1871, tout le village de Pontmain, guidé dans la prière par son vénérable curé, l’abbé Michel Guérin, s’agenouille pour accompagner les petits voyants. « Laissez venir à moi les petits enfants »1. Et voici qu’un message se dessine sous les pieds de la « belle dame » au manteau constellé d’étoiles : « Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera dans peu de temps. mon Fils se laisse toucher ». 1 Mc X, 14.
Mais priez mes enfants
La sainte Vierge est d’abord la Vierge de la prière. La prière est l’armure du chrétien. Marie, choisie par Dieu de toute éternité pour être la mère de son Fils, est aussi, comme Eve jadis, compagne et associée de son œuvre de salut. Au pied de la croix, qu’elle serre contre son cœur, et depuis au Ciel, elle se fait l’intercesseur la plus efficace et la plus dévouée des grâces divines.
Ce qui fait souffrir le Cœur de Marie, c’est le manque de foi. Le manque de foi de cette partie de l’humanité qui s’est séparée de Dieu et qui même va jusqu’à lutter contre lui et pousser les âmes faibles à les suive dans cette lutte. Oui, lutte contre Dieu, contre ses saints, contre l’Église et ses ministres, mais aussi contre la Création divine, contre la famille, contre la vie humaine ! Sans compter les moqueries, les insultes, les blasphèmes, répandus par flots dans les médias, dans les expositions culturelles, et imposés aux esprits malléables des plus jeunes et des plus vulnérables.
Mais aussi, manque de foi chez beaucoup de chrétiens. Des chrétiens tièdes, qui ne prient plus ; qui communient sans grande piété ; qui ne font plus d’actions de grâces ; qui n’approchent plus du sacrement de Pénitence ; qui ne vivent pas de la charité envers leurs frères… C’est pour cela que Marie insiste en disant : « Mais priez », reproche que nous méritons tous ! Car le chrétien, s’il veut être fidèle, s’il ne veut pas être dévoré par l’esprit du monde – comme le souligne souvent le pape François, doit être avant tout un orant, un homme de prière !
Dieu vous exaucera dans peu de temps
La continuité du message manifeste le résultat de notre prière. « Demandez et vous recevrez »2 Dieu récompense ceux qui s’offrent à Lui, qui s’abandonnent à sa divine volonté. Marie est médiatrice de ces récompenses. Elle est bienfaitrice de nos âmes. A nous d’inscrire dans nos âmes la marque de notre attachement le plus total envers notre Reine du ciel. A ce sceau, Dieu nous reconnaîtra et nous récompensera. Ce sera notre dévotion envers Marie. Et il y en a des dévotions mariales ! Le chapelet, les litanies de Lorette, mais aussi porter avec piété la Médaille miraculeuse ou encore le scapulaire ! Dieu exauce, oui, par le scapulaire, par les prières de l’Église, par les indulgences, par les sacramentaux. A condition de les recevoir avec foi, et non dans un esprit de superstition. Dieu exauce celui qui trouve son refuge en Lui. Et Dieu est fidèle à sa Parole, parce qu’il est la Vérité même. 2 Mt VII, 7.
Mon Fils se laisse toucher
« Tout à Jésus par Marie ». Le Médiateur, le juste juge, c’est Jésus-Christ notre Sauveur. Et son Cœur est sensible à la prière et à la pénitence. La pénitence, oui, nécessaire pour purifier notre âme et notre coeur, nécessaire pour purifier la famille et la société des scories du péché. Ah si nous avions aujourd’hui un 1/1000e du sentiment de repentir qu’avaient les croyants de l’Ancien Testament ! Un chrétien qui ne fait pas pénitence est comme un motocycliste qui attache mal son casque. Il risque sa vie… La pénitence est la voie royale pour aller au Ciel. La sainte Vierge nous invite à prendre ce chemin, comme elle l’a pris, non pour se faire pardonner quoi que ce soit (elle qui est sans péché), mais pour hâter notre pardon. Sans le Calvaire, nous n’avons pas accès à la lumière. « Per crucem ad lucem ». C’est pour cela que la
Madone de Pontmain serre contre elle la croix rougie par le sang rédempteur de son Fils.
Faire pénitence c’est aider Jésus à porter sa croix. Quelle reconnaissance envers Lui ! Et en échange, quel regard de tendresse pose-t-il sur nous, comme il le posa sur le Cyrénéen. Il se laisse toucher par notre amour de la Croix. Il se laisse toucher par notre pénitence, notre conversion intérieure, notre offrande réparatrice. En ces temps si durs pour le monde, pour l’Eglise et pour la France, c’est à la réparation que nous invite aussi Notre-Dame de Pontmain. Courage et confiance ! Si nous désirons ardemment y participer, les grâces couleront à flots sur nos âmes.
En cette « année de la conversion », ouverte par notre évêque, Mgr Scherrer, invoquons la Mère de Dieu : « Notre-Dame de la sainte Espérance, convertissez-nous, priez pour nous ».
On ne peut pas ne pas évoquer la belle figure du Serviteur de Dieu Michel Guérin, curé de Pontmain. Le curé d’Ars local mérite notre admiration. Une belle image de prêtre, de pasteur dévoué à ses brebis et respecté par elles, de serviteur de l’Autel et de l’Evangile, de fils dévot de Marie (il consacra sa paroisse à l’Immaculée Conception). Alors que son procès de béatification a été ouvert, recourons à lui dans nos prières. Et à son exemple, par l’intercession de Notre-Dame de Pontmain, implorons le bon Dieu de nous donner de saints prêtres et de saintes vocations religieuses.
Ainsi soit-il.
Chanoine Matthieu THERMED
Notre-Dame des Cordeliers