« Vous n’êtes, dites-vous, ni libertin, ni injuste, ni vindicatif, ni avare, ni joueur, ni ivrogne : ne vous en glorifiez pas, vous ne faites que votre devoir. » — Abbé Michel Guérin

La vraie fierté, celle qui vient de Dieu

Pour le Père Frédéric Foucher, cette parole de l’abbé Guérin touche quelque chose de très humain :

« Nous sommes tous habités d’un désir d’être fiers de nous-mêmes, et c’est un très beau désir — on ne peut pas nous le voler. »

Mais le risque, ajoute-t-il, c’est de chercher cette fierté là où elle n’est pas, dans une forme de gloriole personnelle, comme si la sainteté était un exploit, un sommet à conquérir.

« Être saint, ce n’est pas gravir l’Everest spirituel, c’est simplement vivre selon ce que nous sommes appelés à être. Le péché, lui, ne fait pas partie du projet de Dieu. »

Être saint, ce n’est donc pas un privilège réservé à quelques-uns, mais notre devoir le plus naturel : vivre en enfants de Dieu, dans la vérité et la charité.

Gravir la montagne de la vie avec Dieu

Le Père Foucher invite à regarder sa vie spirituelle, non pas comme un parcours d’effort ou de performance, mais comme un chemin de relation :

« Vivre le Carême, ce n’est pas gravir la montagne de la sainteté, c’est gravir la montagne de la vie avec Dieu. Parce que c’est là notre vraie gloire. Et la sainteté, elle, viendra par ricochet. »

Autrement dit, la sainteté n’est pas un but à atteindre mais le fruit d’une vie vécue avec Dieu. Ce qui fait notre gloire, c’est moins ce que nous faisons pour Lui que ce qu’Il fait en nous.

Entendre la parole du Père

Le Père Foucher le rappelle avec délicatesse :

« Nous avons tous besoin d’entendre d’une bouche humaine — souvent celle de nos parents — qu’on est fiers de nous. C’est un besoin humain qu’on ne peut pas négliger. »

Mais ce besoin devient trompeur quand nous attendons des hommes ce que seul Dieu peut dire parfaitement :

« Il n’y a que Dieu qui puisse nous dire en vérité, sans nous flatter ni nous tromper : Mon enfant, je suis fier de toi. »

Avant d’aller au désert, Jésus a entendu cette parole du Père :

« Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie. »

Et c’est fort de cette reconnaissance qu’il a pu affronter l’épreuve.

Le défi spirituel : croire que Dieu est fier de nous

Le Père Foucher conclut avec une prière simple et audacieuse :

« Peut-être que pour certains, le Carême de cette année consistera à dire à Dieu :
Je ne te lâcherai pas tant que tu ne m’auras pas montré que tu es fier de moi. »

La vraie fierté chrétienne n’est donc pas dans la réussite morale ou dans la perfection, mais dans la joie de se savoir regardé, choisi, aimé par Dieu.
Et c’est là, dans ce regard du Père, que commence la sainteté.