« Si nous attendions pour communier que nous fussions dignes, nous ne le ferions jamais. »
Cette parole de l’abbé Michel Guérin, curé de Pontmain, rejoint le cœur même de la foi chrétienne : la grâce précède toujours le mérite.
Le Père David Dugué s’en inspire pour rappeler avec réalisme et tendresse que l’Eucharistie n’est pas une récompense, mais une nourriture.
L’Eucharistie, une grâce offerte aux pécheurs
« Le curé d’Ars disait la même chose : ne dites pas que vous n’êtes pas dignes de communier — vous ne l’êtes pas, mais vous en avez besoin », rappelle le Père Dugué.
La ligne spirituelle est la même : nous ne méritons pas le don de Dieu, mais c’est justement pour cela qu’il nous est donné.
« Si on attend d’être digne du ciel pour recevoir l’Eucharistie, on ne la recevra jamais… et il faudrait attendre de mourir ! »
Même les prêtres, confie-t-il, ne célèbreraient jamais la messe s’ils attendaient d’en être dignes. Car la messe n’est pas le lieu de la perfection, mais celui du pardon et du renouvellement du cœur.
L’adoration, un face-à-face transformant
Recevoir le Christ suppose cependant une préparation intérieure :
« Se préparer à la messe, ce n’est pas seulement avoir lu l’Évangile ou écrit son homélie. C’est préparer son cœur. »
Le Père Dugué invite à entrer dans la célébration en rendant grâce pour la semaine écoulée, en reconnaissant ses fautes et en déposant ses fardeaux au pied de l’autel.
« Offrir, avec le pain et le vin, le travail accompli, les joies, les fatigues et les combats : voilà ce qui rend notre messe vivante. »
Le prêtre souligne aussi la nécessité de l’adoration eucharistique, ce temps où le croyant laisse le Christ façonner son visage :
« L’adoration, c’est un cœur à cœur, mais c’est aussi un face-à-face. Contempler la face de Dieu et le laisser imprimer sa face sur la mienne. »
L’Eucharistie ne se limite donc pas à la messe dominicale ni à la célébration quotidienne. Elle déborde dans toute la vie :
« Elle s’étend à chaque instant où je rends grâce, où je laisse le Christ habiter mes gestes, mes paroles et mes rencontres. »
Une foi humble et joyeuse
Le Père Dugué y voit un chemin de reconnaissance :
« Si les Hébreux ont marché quarante ans dans le désert, si Jésus a jeûné quarante jours, c’était aussi pour apprendre à rendre grâce. »
Ainsi, la parole de l’abbé Guérin et la méditation du Père Dugué se rejoignent dans une même lumière :
l’Eucharistie n’est pas un privilège réservé aux parfaits, mais la nourriture des faibles, des pauvres, de ceux qui reconnaissent leur besoin de Dieu.
Celui qui s’avance vers la communion ne s’appuie pas sur sa propre dignité, mais sur la miséricorde du Christ.
Et c’est justement là que réside la beauté de la foi : recevoir sans être digne, mais avec un cœur ouvert et reconnaissant.