« Ne nous désespérons jamais. Celui qui se confie en Dieu ne peut jamais périr. »
Cette phrase de l’abbé Michel Guérin, curé de Pontmain au moment des apparitions de 1871, demeure un appel brûlant à la confiance. À travers elle, le Père Thomas Leparoux invite à relire nos épreuves à la lumière de la foi, non comme des impasses, mais comme des chemins de transformation.

L’épreuve, un lieu où Dieu agit

Pour le Père Leparoux, une certitude traverse toute l’Écriture : Dieu ne veut la mort de personne.

« Il est une réalité que Dieu ne supporte pas : qu’une épreuve soit seulement source de mort. »

Chaque épreuve, si douloureuse soit-elle, peut devenir un lieu de sanctification et de conversion — pour soi-même ou pour d’autres.
Lorsque nous nous écrions : « Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? », la foi nous invite à un déplacement intérieur.

« L’épreuve, par nature, me conduit à me laisser déplacer », explique le prêtre.
Elle oblige à reposer la question de la foi et à réorienter notre espérance, convaincus que Dieu, dans sa bonté, fait de toute blessure une possible ouverture vers la vie.

Le Père Leparoux évoque l’histoire de la mère du bienheureux Pier Giorgio Frassati, profondément marquée par la mort de son fils. Longtemps indifférente, voire critique à son égard, elle découvre lors des funérailles la foule immense venue honorer ce jeune homme qu’elle avait jugé paresseux.

« Ce jour-là, dit le Père Leparoux, elle se convertit. Elle comprend que son fils est un saint. »

Ainsi, une épreuve personnelle peut devenir chemin de grâce pour d’autres. Dans le mystère de la communion des saints, Dieu tisse des liens invisibles : ce que nous vivons, parfois dans la douleur, peut faire grandir la foi d’autrui.

Voir Dieu dans le proche

« Il est une chose de savoir que Dieu existe, et une autre de connaître Dieu. »

La foi, souligne le Père Leparoux, ne se réduit pas à une idée intellectuelle ni à une émotion passagère. Elle est une vertu vivante, nourrie par la prière, l’intelligence et l’attention au réel.

« Nourrir la foi, c’est une nécessité », insiste-t-il.
Cela suppose de se laisser instruire — par la Parole de Dieu, par la vie de l’Église, mais aussi par les événements de nos journées.

L’épreuve nous apprend aussi à regarder autrement notre quotidien.
Le Père Leparoux évoque un conseil reçu au séminaire :

« On disait que le pauvre que tu cherches à servir dans la rue se trouve peut-être juste à côté de ta chambre. Il ne fait pas de bruit, mais il est là. »

Ainsi, vivre la foi ne consiste pas à partir loin pour des expériences extraordinaires, mais à être attentif à la présence de Dieu dans la simplicité du quotidien : un collègue, un voisin, un proche dans la peine…
C’est là, souvent, que le Seigneur nous attend pour nous travailler, nous éprouver et nous faire grandir.

« Celui qui se confie en Dieu ne peut jamais périr »

Au cœur de toute épreuve, le chrétien est invité à redire son acte de foi et à réaffirmer son espérance.

« Dieu ne m’abandonne jamais », répète le Père Leparoux avec force.

Même si l’épreuve est déchirante et déstabilisante, elle devient alors le lieu d’un dialogue intérieur :

« Qu’est-ce que le Seigneur m’invite à déplacer en moi ? »

C’est dans ce combat intérieur que la foi se purifie et que l’espérance se fortifie. L’épreuve, paradoxalement, devient salutaire : elle empêche la foi de s’endormir et révèle le visage d’un Dieu qui, sans jamais vouloir la souffrance, sait en faire naître la vie.

À la suite de l’abbé Guérin, le Père Thomas Leparoux nous rappelle que la confiance en Dieu est plus forte que le désespoir.
Même au cœur des épreuves, celui qui s’abandonne entre les mains du Père découvre que Dieu ne l’abandonne pas, mais l’accompagne, patiemment, sur le chemin de la foi et de la vie.