La mort, dans la foi chrétienne, n’est pas une fin mais une rencontre. L’abbé Michel Guérin, curé de Pontmain, en avait une vision profondément paisible et confiante :

« Le juste qui meurt est l’homme qui a fait toutes ses provisions pour l’autre monde ; il entend la voix de Dieu qui l’appelle, et il répond : me voici, Seigneur. »

Cette parole simple et forte nous rappelle que mourir, c’est répondre à un appel d’amour.
Et le Père Frédéric Foucher, en méditant cette phrase, nous invite à préparer dès maintenant cette rencontre, non pas par crainte, mais dans la joie d’un cœur qui s’ouvre à la vie éternelle.

Mourir, une rencontre préparée

« Mourir, c’est d’abord avoir en tête que c’est une rencontre à vivre. »

Celui qui, sur la terre, a pris l’habitude de rencontrer Dieu — dans la prière, dans sa Parole, dans les sacrements et dans les autres — ne sera pas surpris par cette rencontre ultime.
Il aura fait ses provisions spirituelles, ces réserves d’amitié et de confiance qui nourrissent la foi et l’espérance.

À l’inverse, celui qui n’a pas appris à reconnaître Dieu dans les petits signes de la vie quotidienne risque de manquer de “ressources” au moment du grand passage.

Le désir de courir dans les bras de Dieu

« C’est toujours saisissant de voir une personne, juste avant de mourir, murmurer le nom de Jésus ou de Marie, et puis… s’envoler. »

Cette image pleine de tendresse dit tout : le chrétien meurt comme il a vécu.
S’il a appris à aimer et à se laisser aimer, il quitte ce monde dans la paix.
Saint Jean de la Croix parlait de ces âmes qui partent avant même que le corps ne s’éteigne, déjà tournées vers Dieu.

Ces “provisions” dont parlait l’abbé Guérin, ce sont ces rencontres, ces pardons, ces instants de prière accumulés dans le secret, qui font que l’âme, à l’heure de la mort, n’a qu’une hâte : courir dans les bras du Père.

Non pas mériter Dieu, mais se laisser aimer

« Le malin nous fait croire qu’il faut mériter Dieu. En réalité, il faut être en capacité de l’accueillir. »

Dieu se donne gratuitement.
Notre rôle n’est pas de “gagner” le ciel, mais d’ouvrir notre cœur à celui qui veut nous combler.
Cette attitude de confiance, les saints l’ont incarnée. Sainte Faustine, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : toutes deux ont compris que la sainteté, c’est la confiance en la miséricorde.

Thérèse avait même cette audace : croire que sa confiance serait si totale qu’elle n’aurait “pas besoin de passer par la case purgatoire”.
Non pas par orgueil, mais parce qu’elle s’abandonnait entièrement à l’amour de Jésus.

Devenir capacité d’amour

« Dans la prière, il ne s’agit pas tant d’aimer que de se laisser aimer. »

La plus grande souffrance de Dieu, dit le Père Foucher, c’est qu’il y ait tant de cœurs fermés à son amour.
Prier, c’est donc offrir à Dieu un espace pour aimer.
C’est lui dire : « Seigneur, je te donne un cœur qui fera le moins d’obstacle possible à ton amour. »

Et quand viendra l’heure du départ, ce cœur, devenu capacité d’amour, sera prêt à recevoir pleinement ce que Dieu veut lui donner.
Alors, face à la lumière du Ciel, il n’aura qu’un mot à dire :

« Oui, Seigneur, me voici. »