« Nous devons nous aider, nous soulager les uns les autres. Et comme la charité demande cela de chacun de nous, elle est extrêmement blessée lorsqu’on néglige ce devoir important de la charité. »
— Abbé Michel Guérin
Le père Frédéric Foucher commence sa méditation par un constat : le mot charité est sans doute l’un des plus mal compris aujourd’hui.
« En français, on pense spontanément aux œuvres caritatives, aux secours apportés aux plus démunis. Mais la charité, c’est d’abord ce qu’est Dieu en profondeur. »
La charité, explique-t-il, n’est pas seulement un acte de générosité : c’est un amour qui se diffuse, gratuitement et totalement, parce que telle est la nature même de Dieu.
« La charité, c’est un amour qui ne cesse de se donner. »
Aimer dans toutes les formes de la vie
L’être humain n’a pas le pouvoir de blesser Dieu comme on blesse une personne. Pourtant, Dieu s’est rendu sensible à notre manque d’amour.
« Il y a en Dieu quelque chose comme une tristesse que nous ne soyons pas charitables — non pas parce qu’il serait déçu, mais parce que ce n’est pas conforme à ce qu’il est, ni à la manière dont il nous a faits. »
Être créé à l’image de Dieu, c’est donc être fait pour aimer et se laisser toucher par la misère de l’autre.
Le père Foucher illustre la charité par un témoignage bouleversant :
« J’ai eu la joie de préparer les noces d’or d’un couple. L’épouse était malade depuis trente ans. Le mari m’a dit :
“Je ne pensais pas qu’il y avait dans mon cœur autant de formes différentes d’aimer ma femme, y compris dans sa maladie.” »
Voilà, dit-il, le cœur de la charité : un amour capable de se transformer, de se donner même dans la fragilité, d’être attentif aux besoins concrets de l’autre.
Trouver la juste distance dans l’amour
« La compassion, c’est l’amour qui compatit à la misère de l’autre.
La miséricorde, c’est le cœur qui se rend sensible à l’autre. »
Ces deux attitudes ne sont pas des obligations extérieures, mais des élans intérieurs : le mouvement d’un cœur qui dit spontanément « je ne peux pas ne pas aider ».
La charité véritable n’est pas un devoir imposé, mais un désir profond qui jaillit du cœur habité par Dieu.
Aimer, ce n’est pas tout donner ni se laisser envahir. Le père Foucher rappelle qu’il faut parfois apprendre à aimer avec sagesse :
« Il faut savoir ce qu’il faut donner et ce qu’il ne faut pas donner. Si je cherche à tout sauver, je peux blesser l’autre. La vraie charité respecte la liberté de celui qu’elle aide. »
C’est un équilibre délicat, mais Dieu, dit-il avec humour et confiance,
« nous a tellement bien programmés que cela finit par se faire naturellement, avec le temps et la grâce. »