« Jésus-Christ a donné sa vie pour nous, et nous devons, à son exemple, donner la nôtre pour nos frères. »
Ces mots de l’abbé Michel Guérin, curé de Pontmain au moment des apparitions de la Vierge Marie en 1871, continuent de résonner avec une intensité toute particulière. À partir de cette parole, Mgr Matthieu Dupont, évêque de Laval, a livré une méditation profonde sur le sens du don de soi, au cœur de la vie chrétienne.
Donner sa vie : une vocation universelle
« Donner sa vie, c’est ce qu’il y a peut-être de plus important dans notre existence », confie Mgr Dupont. Ce don, loin d’être une idée abstraite, s’enracine dans l’expérience concrète du service et de l’amour fraternel :
« Quand on se donne aux autres, il y a en nous quelque chose qui s’éveille, une forme de plénitude. »
Pour le prélat, cette plénitude ne se réduit pas à un sentiment passager, mais traduit la vérité profonde de l’être humain. En se donnant, chacun devient pleinement lui-même. Le don de soi, explique-t-il, « fait partie de la plénitude de notre vie ».
En tant qu’évêque, Mgr Dupont souligne que ce don prend une forme particulière :
« Donner sa vie, c’est donner sa vie à tous. »
L’ordination épiscopale, ajoute-t-il, confère un amour singulier, la charité pastorale, qui permet d’aimer l’ensemble du peuple confié. Cet amour, éveillé par Dieu avant même l’ordination, appelle à une ouverture universelle du cœur : aimer sans exclusion, à la manière du Christ.
Un appel pour tous, en tout état de vie
Mais ce message n’est pas réservé aux prêtres ou aux consacrés. L’évêque de Laval invite chacun, quel que soit son état de vie — marié, consacré, prêtre, baptisé — à entrer dans cette dynamique du don total :
« Pendant ce temps du Carême, osons offrir toute notre vie, pas seulement une part, mais tout notre être. »
Il s’agit d’un appel à l’authenticité : ne pas se contenter d’un don partiel ou superficiel, mais apprendre à s’offrir avec tout son cœur.
Mgr Dupont met en garde contre une forme de don déséquilibré, qui peut conduire à l’épuisement :
« Le drame de notre temps, c’est qu’on donne sa vie, mais sans relation. »
Le vrai don suppose en effet un accueil réciproque : se donner à quelqu’un qui reçoit, et recevoir à son tour.
C’est dans cette relation ajustée, vécue dans le mariage, l’amitié ou le ministère sacerdotal, que le don trouve sa juste mesure.
Le danger du don sans amour
L’évêque évoque enfin la tentation du burnout spirituel :
« On peut donner sa vie pour soi, pour se gaver d’activité. Et là, quelque chose n’est pas juste. »
Le don de soi, rappelle-t-il, ne peut être vécu que dans l’amour véritable, celui qui unit à Dieu et aux autres.
C’est dans cette alliance du don et de la relation que s’enracine la joie profonde du chrétien.
En écho à l’abbé Guérin, Mgr Dupont nous rappelle ainsi que le don de soi n’est pas une perte, mais un chemin de vie et de plénitude.
À l’exemple du Christ, chacun est invité à faire de son existence un acte d’amour offert — un oui total qui transforme et illumine le monde.