L’abbé Michel Guérin, curé de Pontmain, avait une foi profondément enracinée dans la confiance en la Providence. Sa phrase :
« Dieu se sert de ce qu’il y a de plus faible et de plus vil pour opérer quelquefois les plus grandes choses »
résume bien la logique paradoxale de l’Évangile : la puissance de Dieu se déploie dans la faiblesse.
Dans cette méditation, Monseigneur Matthieu Dupont nous invite à accueillir nos pauvretés non pas comme des échecs, mais comme les lieux privilégiés où Dieu se révèle, et où sa grâce peut agir librement.
Saint Pierre, un modèle de pauvreté féconde
« Il faut tous se reconnaître comme des êtres creux, c’est-à-dire que Dieu peut nous combler. »
Ce mot « creux » peut surprendre, mais il dit l’essentiel : c’est dans le vide que Dieu se verse.
Nos failles, nos manques, nos fragilités — que nous voudrions souvent corriger ou cacher — deviennent les ouvertures par lesquelles le Seigneur fait passer sa lumière.
C’est le mystère de la pauvreté évangélique : celle qui ne rabaisse pas, mais qui rend disponible.
Monseigneur Dupont rappelle que le premier pape, saint Pierre, fut un homme plein de contradictions : impulsif, fragile, parfois même infidèle.
« Jésus lui a dit : passe derrière moi, Satan ! Et pourtant, c’est lui qui deviendra le roc sur lequel le Christ bâtira son Église. »
La sainteté de Pierre ne vient pas de sa perfection, mais de son abandon à la miséricorde de Dieu.
Il a appris à se laisser relever, à reconnaître que Dieu agit à travers ses faiblesses. C’est dans cette pauvreté qu’il est devenu apôtre et pasteur.
Accueillir les charismes comme des dons reçus
« Les charismes sont un don de Dieu… pour les autres. »
Nous avons parfois du mal à recevoir — même les compliments, les encouragements, les signes de reconnaissance.
Mais, rappelle l’évêque de Laval, savoir recevoir est déjà un acte de foi : c’est reconnaître que le bien en nous vient de Dieu, et non de nos propres forces.
Recevoir avant de donner : voilà l’attitude chrétienne.
« Sinon, je me donne à la force du poignet… et je m’épuise. »
La fécondité spirituelle ne vient pas de l’effort, mais de la disponibilité intérieure.
Accueillir nos pauvretés, c’est déjà accueillir Dieu.
Elles sont ces vases d’argile dont parle saint Paul, dans lesquels le trésor de la grâce est déposé.
Et ainsi, selon la belle parole de l’abbé Guérin, c’est par ce qu’il y a de plus faible en nous que Dieu accomplit les plus grandes choses.