« Vous croyez donc qu’il est nécessaire d’être à l’église toute la journée pour gagner le ciel ? C’est en faisant ce que vous faites tous les jours que vous pouvez devenir saint. »
Ces mots simples et directs de l’abbé Michel Guérin, curé de Pontmain au moment des apparitions de la Vierge Marie, résument une conviction profonde : la sainteté n’est pas réservée aux cloîtres ni aux autels. Elle se vit au cœur de la vie quotidienne, dans les gestes simples et les rencontres ordinaires. C’est à partir de cette intuition que le père Jean-Luc Roblin a livré sa méditation.
« Sortir » pour aimer
« Je crois qu’effectivement, c’est dans la vie de tous les jours qu’on peut vivre notre foi et grandir en sainteté », confie le père Roblin.
Son expérience auprès des enfants dans les écoles illustre bien ce propos :
« Les enfants croient souvent que je passe toute ma journée dans l’église. Certains pensent même que j’y dors ! »
Cette candeur enfantine lui donne l’occasion d’expliquer sa vie de prêtre : une existence partagée entre la prière, les célébrations, les sacrements… mais aussi la présence au monde, dans la rue, au milieu des gens.
« Je passe du temps dans l’église, bien sûr, pour prier, célébrer, accompagner les familles dans les baptêmes ou les sépultures. Mais le reste du temps, je suis dehors, au milieu des gens. »
Cette vie tournée vers le dehors rejoint la spiritualité de Madeleine Delbrêl, que le père Roblin cite avec affection :
« Nous autres, gens des rues… »
Madeleine Delbrêl, missionnaire laïque à Ivry-sur-Seine, a su témoigner d’une foi incarnée dans le monde ouvrier et souvent éloigné de l’Église.
« Elle vivait sa foi dans les quartiers communistes. C’est extraordinaire, et ça résonne profondément en moi », dit le prêtre.
Pour lui, cette figure spirituelle rappelle l’appel essentiel du chrétien : sortir.
« Il faut sortir, vivre sa foi dans le monde, aimer Dieu à travers les personnes que l’on rencontre. »
La sainteté ordinaire
Le père Roblin souligne que chacun a sa vocation propre.
Les religieuses du Carmel de Laval, les moines de Chémeré-le-Roi ou les moniales de La Coudre vivent leur appel dans la prière silencieuse et l’adoration.
Mais pour d’autres, le Seigneur appelle à être enracinés dans le monde :
« Leur vocation, c’est de passer beaucoup de temps devant le tabernacle. Mais la nôtre, c’est d’aimer ce monde d’aujourd’hui, tel qu’il est. »
Ce regard bienveillant sur le monde n’est pas naïf : il est nourri par la foi. Aimer le monde, c’est aimer les hommes et les femmes qui le composent, avec leurs joies et leurs fragilités.
À la suite de l’abbé Guérin, le père Roblin nous rappelle que la sainteté ne se vit pas en marge de la vie, mais au cœur même de nos journées.
C’est dans le travail, la famille, la rencontre, le service et la prière quotidienne que chacun peut avancer sur ce chemin.
« Vivre sa foi, finalement, c’est aimer Dieu à travers les personnes que je rencontre », résume-t-il simplement.
Ainsi, on devient saint non pas en fuyant le monde, mais en l’aimant, en y laissant transparaître la présence de Dieu.
C’est dans la rue, dans nos maisons, nos écoles, nos lieux de travail, que le Christ nous attend — et qu’il nous apprend à aimer.