« Quand il n’y aurait sur la terre qu’une seule personne que vous détesteriez, il n’en faut pas davantage pour vous perdre éternellement. Aimez tout le monde de la manière dont Dieu aime tout le monde. »
— Abbé Michel Guérin

L’abbé Michel Guérin, fondateur de la communauté de Pontmain et figure spirituelle du XIXᵉ siècle, continue d’interpeller nos consciences aujourd’hui. Sa parole, exigeante et simple à la fois, nous ramène à l’essentiel de l’Évangile : aimer.
Mais aimer comme Dieu aime – sans exclusion, sans haine, sans rancune – demeure un appel qui dépasse nos seules forces humaines.

Aimer tout le monde : un idéal divin

L’abbé Cyrille Delort, prêtre du diocèse de Laval, nous invite à méditer cette parole de l’abbé Guérin. Il reconnaît la difficulté de cet amour universel :

« Nous sommes là avec nos faiblesses, notre caractère, nos péchés… Il y a forcément un moment où nous sommes limités par ce que nous sommes. »

Aimer ses ennemis, pardonner à ceux qui nous ont blessés : voilà un appel qui touche au mystère même de Dieu. Le père Delort le rappelle :

« Le pardon est de l’ordre divin. Il faut le demander à Dieu, parce que nous ne pouvons pas y arriver avec nos propres forces. »

Le pardon, une croix à porter

Pardonner n’efface pas la blessure du jour au lendemain. Parfois, c’est une croix à porter toute une vie.

« J’entends souvent cette phrase : “Je pardonne mais je n’oublie pas.” Derrière cela, il y a souvent une volonté de justice, de réparation. C’est humain. Mais il faut demander à Dieu son aide pour aller plus loin. »

Pardonner ne signifie pas effacer le passé, mais laisser Dieu transformer notre regard.

Détester, c’est nier l’image de Dieu

Pour l’abbé Delort, la haine d’une personne n’est jamais anodine :

« Détester une personne, c’est faire offense à Dieu. C’est nier la divinité qu’il a mise en elle. »

Ne pas avoir d’affinité avec quelqu’un, c’est humain. Mais détester, c’est refuser de voir en l’autre l’image de Dieu.

Un chemin concret : prier pour ceux qu’on n’aime pas

Le père Delort propose une démarche simple et profonde :

« Si une personne que vous détestez existe, il faut vite y remédier. Cherchez un moyen, d’un côté ou de l’autre, de recréer du lien. Et si cela semble impossible, commencez par la confier au Seigneur. »

Prier pour ceux qu’on n’aime pas ne vise pas à ce que Dieu les change, mais à ce qu’Il change notre propre cœur :

« Prier pour quelqu’un qu’on n’aime pas, c’est une des choses les plus fortes. Non pas pour que Dieu le change, mais pour que nous soyons changés, pour apprendre à le voir avec les yeux de Dieu. »